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4 LA LANTERNE Henri Rochefort’s Letter to the Herald. Pen-Pictures of Paris During the Commune. REVOLTING BARBARITY DEPICTED. € Horrors and Tyranny on the Transport Ship. See peertineremceee LIFE AT NOUMEA. Vile Conduct of Cfficials in New Caledonia. THE ESCAPE. Thrilling Story of the Runaways. + THE FUIURE OF FRANCE. GRAND CENTRAL HOTEL, May 30, 1874. MONSIEUR LE REDACTEUR DU HERALD:— Napoléon [1] a bout d’impopniarité et se voyant @ans la nécessité urgente de chercher dans une guerre 6trangtre un dérivatif aux coltres crols- Santes de opinion publique, résolut un jour de faire tuer 200,000 hommes pour avoir le droit den éporter 500, Nous, qui lisions dans son jeu, nous. mous récriames. La police vint alors briser les presses de nos journaux, et les feunles de la maison tmpériale nous déclartrent sold¢s par la Prusse. Quand six mois plus tard, Yassemblée cléricale de Bordeaux, toute pleine des souvenirs de invasion de 1815, bAcla en trois quarts d’heure un traité de paix, que les migrés n’eussent certainement pas signé, nous nous indignames, et les mémes hom- mes qui nous avaient appelé mauvais francais quand nous nous opposions a la guerre, nous ap- Pelaient mauvais frangais quand nous avons refusé @’accepter la paix. L’instinct si lucide du peuple mi avait révélé que nous serions battus, et Jnl avait démontré en m@me temps qu’en risquant Je va-tout d’une ievée en masse, toutes les défec- tions et toutes les hontes pouvaient étre lavées en gn jour. LA REPUBLIQUE EN DANGER. De cette double désillusion sont nés tous nos | mainheurs. Je ne veux pas savoir jusqu’au quel point le mouvement du dix-hut mars ¢tait légi- time; ce que jamrme, c’est qu’il était inévitable etque dans une certaine mesure i! était néces- | saire. apres l’accuell fait au député Garibaldi par | PAgsemblée, apres 1a paix du tombeau au devant de laquelle elle avait semblé courir, il n’y avait pins aucun donte sur ses intentions monarchiques. TD faut étre bien résoln A se donner a un roi pour we livrer & l’étranger avec cet empressement. Le peuple de Paris a compris que la République ¢tait endanger. Ce quis’est passé aepuis et ce qui se passe actucllement d¢montre que s’il a manqué de patience il n’a pas manqué de pénétration. M. Thiers, dans le discours qui a préccdé sa chate, a prononcé ces paroles impradentes, si ¢llea nvont pas été préméditées:—“Comment Pouvez-vous | Bupposer que , mol, vieux monarchiste, je o’ai pas hésité longtemps avant de me décider pour la République, mais de nombreux délégués des Départements sont venus m/’avertir que, si je me prenais pas des engagements formels dans ce sens, ils imiteraient Paris et se constitueraient en communes. Or comme je n’avais pas trente mille hommes A détacher du siége de la capitale pour les Jancer contre 1a province si elle s’insur- geait, j'ai da faire des promesses auxquelles tl m’est anjourd’hui impossible de me soustraire.”” LE MOUVEMENT DU 18 MARS. On_p’a jamais avout mbuvement du 18 devant Paris a contsibué & 1a consolidation de la République. La Commune, qui I’a suivi, a Cté, comme tous les pouvoirs nés dune insurrection, On gouvernement de fait. J’ai cru alors de mon devoir d’aller m’enfermer dans Paris, qu! m’avait iu un des premiers, et dont méme apres ma dé- Mission, donnée Ala suite de abandon de nos deux provinces, j’étais resté moralement le représen- fant. J’ai donné dans mon journal des conseils, mon pas & la Commune, qui ne les ent probable- , ment pas écoutés, mais au peuple parisien, qui me onnalssait et avait gardé quelque conflance en wok Ce que j’ai fait alors je le feraisde nouveau si des 6venements analogues se reproduisaient. J’a- Joute que si tous les représentants de Paris avaient, comme je /’ai fait, qaitté l'Assembi¢e de Versailles pour aller, soit calmer, soit consulter, leurs élec- teurs, la lutte eft pris un tont autre caractére et Ia démocratie n’aurait pas perdu 35,000 de ses Meilieurs soldats, massacrés au nom de !a Républi- que pat ceux qui a cette heure ne cachent meme plus Jeurs réves de monarchie. Mais, je le demande, que pouvais-je enpecher, & moi seul, au milieu des exaspérations d’une ville pomobardée? Des le premier jour j’ai insist¢ dans Je Mot Wordre pour que lincendie de V’échafaud praié sur le Boulevard Voitaire fut autre chose qu’une cérémonie publique. Tant que la peine de mort subsistera, i y aura certainement des exécu- | tions nécessaires, comme celle de Maximilien ce Jocrisse du pouvoir, comme celle de Bazaine, ce noir seélérat, quia trouvé grace auprés d’un ami que histoire considerera certainement comme un complice, mais les morts qui ne sont pas de formidabies exemples deviennent inutiies et constquemment dangereuses. J’ai donc regretté gux points de vue politique et humaine, les exécu- tions qui ont compromis l’honneur des derniers jours du combat, Mais peut-on exiger de vaincus mitrailiés, égorgés, bombardés, le sang froid et le calme qui ont si totalement manqué aux vain- queurs ? PARIS BUBMERGE PAR LE SANG, Oui, des vengeances ont été exercées; on a fa- si¢é des pretres, un archevéque, un jour- maliste, et je le déplore. Les républicains sont des hommes de principes et non des hommes de passion; ils w’ont pas | Ye droit aégorger leurs ennemis sous | prétexte que leurs ennemis les égorgent; mais enfin, jamais représailies ont-elles été plus excu- sées par les sctnes d’épouvante qui les provo- quaient? Au moment o0 ces faits désastreux se sont produits, Paris, on le sait aujourd'hui, était | Ntréralement submerge par le sang. Quinze mille cadavres d’homies, de femmes et d’enfants jon- chaient les trottoirs et les chauss¢es. La veille de Ja mort de archevéque le plus grand des crimes que Vnistoire ait encore eu a enregistrer venait @@tre commis. Un des elusde Paris, Teprésen- tant du peuple A l’Assembiée Nationale, ie citoyen ‘Maillidre, avait ¢té arrété chez son beau pére, au mi: heu de 8a famille, amené parjune escouade de sol- Gats jusque sur les marches du Pantuéon, et 1a | fusillé sans jagement par un certain capitaine Gar- cin, agissant sous les ordres du général de Cissey. Cet attentat contre le suffrage universe) est ab- golument unique. Les royalistes peuvent désor- mais insuiter & leur aise aux grands travaux qe la premitre Révolution. Ils peuvent rappeler Jes prétendues noyades de Nantes, les mitraiilades de Lyon, la Convention se décimant elle-meme;~ mous leur répondrons, que les Girondins ont été fugés; que Louis XVI a 6té jugé, que Danton, que Jem Héoertistes ont ¢té jugés; mais un député, couvert par iinviolabilité de son mandat, satsi et 4zoraé sur place par 1n des bas oMficiers de |’armée, | au fur et & mesure des besoins de la journ¢e, Mais NEW YORK HERALD, SUNDAY, MAY 3l, 1874——QUADRUPLE SHEBRT. @est J& une monstruosite sans nom comme sans précédent, Milliere eQt-il pris la part ia plus pré- pondérante aux actes de la Commune, son exécu- tion sommaire serait injustifiable. On reste stn- Péfait quand on songe que gon role s’était borné a écrire dans un journal quelques articles, lesquels étaient de telle nature, qu’lls amenérent la sup- pression par Raoul Rigault de Ja feuille 00 ils avaient paru. LA MORT DE MILLIERE. Les 6gorgeurs ont essayé plus tard d’expliquer eet assassinat. Le Milliere, fasillé¢, Vavatt été, par erreur ont ils prétendu, au Neu et place d’un antre Mullitre, chef de Iégion, qu’on a confondu avec le député de Parts, et que, bien entendu, i) a été impossible de retrouver. Mais la mort du député journaliste Militre ser- vait trop les honteux intéréts d’un homme alors a peu pres tout puissant pour que le donte soit per- mis sur ja préméditation quiy a présidé, lis auront beau patauger dans leurs explications, comme ils ont pataugé dansle sang. Cet assassinat restera leur condemnation éternelle, car is mon- trent sans refutation acceptable comment les vainquears de Paris traitaient la legalité, et la volonté nationale au nom desquelies ils prétendai- ent combatire. En supprimant ainsi sans procéd- ure up de ses membres \’Assemblée Nationale s'est suicidce, car elle a rendu désormais légitimes toutes les tentatives qui seraient dirigées contre elle, PENDANT HUIT JOURS. Un bruit sinistre emplit 1a Caserne Lobau @ Grit Vimmortel auteur de “l’Année ‘Terrible. était par centaines que les prisonniers étaient amen¢és encha.nés devant les mitralileuses et écharpés d’un seul coup, Aux buttes Chaumont Vignoble Gallifet forcait les gardes nationaux d creuser d’immenses losses au bord aesquelles il groupait des bataillons entiers qu’il iaisait ensuite rouler & coups de canon dans ces tombes impro- visées, Nous avons eu comme compagnon de cap- - tivité dans les casemates du fort Boyard un brave Républicain qui mal tué, avait attendu la nuit pour sortir tout mutilé d’entre les cadavres et pour gagner une retraite ou il n’a ¢té repris que pius- leurs mojs apres. e DERRIERE LES MURS DE LA PRISON de la Roquette, la tuérie avait été telle que l’en- terrement etait devenu impossible et que la salu brité du quartier tout entler se trouvait compro- mise. Les officiers qui commandatient le feu avaient trouvé la solution du probleme en réquisitionnant de grandes charrettes 00 l’on entassait les morts probablement afin de rendre cette besogne plus intéressante, ils obligeaient les gardes nationaux eux-mémes & empiler dans les voitures les corps | onnier avait terminé sa ainistre tache, que le tom- berean était plein et qu’il se proparait & en descen- dre, un coup de isil le couchait auprés de ses compagnons et le charretier emportait au meme trou et les morts et leur fossoyeur. Ces récits semblent empreints d’exagération. Eh bien, je VaMirme, ils sont tres loin encore de la réalité. Nous ne pouvons citer que quelques ¢pisodes, et c'est la muitiplicité de pareils faits guien aug- mente lhorreur. UN JEUNE HOMME MYSTERIEUX, J'ai vo tous les jours pendant un an se promener dans la cour de Ja citadelle de St. Martin de Ré un jeune Lomme dont je n'ai jamais pu savoir au juste ni le nom, ni la profession. I marchait cons- tamment, les yeux grands ouverts ect comme fix¢s sur quelque chose d’épouvantable. Absolument si- lencieux, 11 oubliait les repas que ses camarades £t volla les moralistes qni nous reprochent de | contre qui on n’a pu relever d’aatre crime que celui [ ses saper les bases de la famille, nous qui n’avons ja- | d’étre resté dans la garde nationale sans aucon mais vécu que pour notre patrie et pour nosen- | grade. Comme je m’étonnais devant lui de lex- Janis, nous, qui Davons tenté le coup désespéré | treme séverité déployée a son égard, 1] me répon- d'une ¢vasion, que poussés par Venvie folie d’ailer | dit avec une grande bonhommie en me montrant Jes embrasser, Mon ami, Olivier Pain, le sait bien, lui. Quand nous nous promenions tous deux, dans pour nous faire regretter davoir échappé ala mort: “est-ce que,” Ini demandsis-je, longtemps vivre ainsi A 6,000 lieues de vox enfants?” Tl me répondait, “non? C'est done a eux c'est a ces tres qui nous sont si chers et si imdis- pensables, que nous devons en réalité notre liberté, car si nous les avions moins profondément aimés, nous n’aurions probablement pas risqué ainsi la mort pour les revoir. Tandis que les journaux de la délation nous prétarent les mélaits les plus fantastiques, nous de Versailles avaient sous coulenr de per- quisition mis nos matsons au pillage. Mon ap- partement de la rue de Chateaudun avait recu la visite d’un detachement de l’armée du Marchal MacMahon, et 1! n’y Gtalt resté ni une porcelaine ni un couvert d’argent ni une pendule, Mes papiers de famille, mes parchemins, mes titres, les draps de mon lit et la selle de mon cheval, tout est Les feutlles abjectes ont donc cu raison de racon- ter que des tableaux et des bronzes avaient ¢té enlevés. Leur tort est de ne pas avoir ajouté qu’ils avaient ¢té enlevés de ma collection, dans la- quelle ils ne sont jamais rentrés, Ces faits communs & presque tous ceux qui sont anjourdhui tenus la bouche close au fond de l'o ceanée, je les cite pour donner une idée de la bonne loi quia dirigé les recits que nous avons tous ius. Menecrau poste celui qu’on vient de dévaliser, c’est ce que Robert Macaire appelieraitle cou ropnement de I’¢difice. PILLAGE. Du jour of M. de MacMahon edt autorisé te pil. Jage, la d¢nonciation devint une industrie, Mil- lire insillé, Laluy¢ fut arrété. Cette atfaire a eu trop de retentissement pour qne nous ayons 4 nous en occuper ici, mais nous seuls avons conna dans le secret des prisons les vendettas sinis- tres qui ont envoyé sur les pontons les ¢tres ies plus purs de toute participation a la révolution du 18 Mars. Mon ami Olivier qni a sondé Jes mysttres la boue sans un matelas et sans une couverture, mon ami Olivier Pain a eu pour compa gnon non de prison, mais de cloaque un Jeune sculpteur nommé Lambert arrété sans aucun motif plausible. ll revenait de leurs frdres d’armes, et chaque fols qu'un pris- | d@’Allemagne of il avait été appel¢ pour un travall | ton, q@art, ll Gtait resté absolument ¢tranger aux événements. Il croyait fermement 4 quelque er- tontes ses réclamations étaient restées sans ré- pliqua trop. struction de laffaire fort perplexe devant Vatti- tude du prévenu retourna ae fond en combie le vrir une lettre qui y avait été imprudemment lais- sée et qui était ainsi congue :— me gone au dela de tout ce que je peux t’écrire.”” Et la tettre était, signée “Marquis de Mar- guerie.”’ lui servaient, et qu’il prenait machinalement sans | sortir de cette afireuse contemplation. Oet infor- tuné était on des rares prisounters qui, requis | pour V’entassement des morte dans les voitures, | avait échappé par miracle, ou plut6t par la fatigue | des Ggorgeurs, au dénouement qui l’attendait, | Un autre & ia suite de ce lugubre travail n’était | pas tombé en démence comme celui-la, mats au , Milieu de la conversation la plus indifférente, il | a plusieurs reprises ses. mains tout le long de gon corps, comme pour en Jatre couler le sang qu’il croyait perpétuellement voir ruisscler sur ses ha- bits. Jat connu, et mes: compagnons d’évasion ont connu comme moi, au fort Boyard, un condamné qui, blessé & Ja jJambe par un éclat d’obus au com- mencement de la lutte, avait été fusillé dans son lit& Vambulance de St. Sulpice of il était entré, La balle i’avait traversé d’outre cn outre et avait encore brisé une des barres du lit. Il avait néan- moins résisté A ce nouvel assaut, et nous l’avons Tetrouvé au milieu de nous & peu présguéri. Cette victtme des fureura les plus hideuses qui atent jamais souillé une guerre civile, je la connais, je pourrais lanommer, mais ce mort vivant est ac- tuellement en Calédonie, au pouvoir de ceux qui, aprés avoir fustllé une premiere et une deuxitéme fois, ne se Jeraient aucun scrupule de la fasiller une troisitme, qui probablement serait la bonne, LA FETE DE LA CALOMNIE. Quand 11 fut bien établii que les trente cing mille morts de la vataille ne se réveilleraient plas, quand tous les vaisseaux de la marine francaise eurent Qté requisitionnés pour loger les quarante mille prisonniers épargnés par les bafonnettes, quand Paris dont nous avions révé de faire une Sarra- gosse contre les Prussiens fut devenue une Varso- vie, Quand le minotaure de l’ordre eut tout dévoré, jusqu’a la tribune et aux journaux od quelque voix courageuse aurait pu demander des comptes, quand enfin les vainqueurs s’apercurent qu’ils pou- vaient tout dire pulsqu’ils avaient seuls la parole, alors commenga ce qu’on pourrait appeler la fete dela Calomnie. Les légendes les plus fantastiques s'improvistrent et jeus spécialement l’honneur | @etre pris pour objectif et pour cible par les fruits secs de la chronique et les fruits moisis du feuilleton. Tons les moustiques du bas journalsme, tous les cancrelats d’antichambre et de confessional se vengérent d’un seul coup des souffrances d’amour propre que ma notoriété leur avait parfois infligées. L’auteur de La Lanterne, le membre du Gouvernement de la Défense Na- tionale, le Député de Paris disparut pour faire place & on ne sait quelle béte du Gévaudan dont la H vie publique et privée n’avait été qu’une sérte d’in- | famies. Je latssais mourirde faim mes enfants, javais un peu taé mon péere, Le public parisien, | qui avait cru quelque temps a mon désin- téressement, apprenait tout & coup que j’avais été arrété, nanti de six cent mille francs enlevés de force A la banque, et de plusieurs montres de prix dont lorigine ne pouvait ¢tre douteuse, Une per- quisition habilement dirigée avait amené la décou- verte dans mon apartement de tous les bronzes de M. Thiers et d'une quantité notable de tableaux du | Louvre. LE BANQUEROUTMER VILLEMESSANT, dont les papiers trouvés aux Tuileries apres le 4 Septembre avaient révélé la probité politique, avait natarellement pris le commandement de cette croisade, et fl faut bien reconnaitre que per- sonne n/était plus capable de la mener a bonne fin. On nest pas impunément le chef incontesté de | Ja presse orduriére, le premier sacripant de France, quelque chose comme ie Latour d’Auvergne de VPabjection. Cet homme, qui a sur ia conscience deux faillites dont 11 ne s’est pas encore réhabilit¢, qui s’est appelé successivement Cartier, puis De- launay, puis Villemessant—do nom de tous les | peres qni ont refus¢ de le reconnaitre—pardonne dimcilement & ceux qui ont 1a propriété da nom qu’ils portent et de argent qu’ils gagnent. On se demande pourquoi ce sont les républicains qu’il vise de préférence, car moi méme je Iai va baton- ner par un Député bonapartiste, souMeter par un légitimiste fort connu, et ornementer par un off- cier de Franc-Tireurs d'un crachat & la figure— seule décoration qu’ll lut soit permis de porter. Ce vieux réprouvé qui essaie de secouer sur nos femmes et jusque surnos enfants, une partie du mépris qui Vaccable,& dans les ténebresde son passé des secrets sinistres gu’on ignore et qu’ll faut qu’on sache. Tia laissé sa mére et sa seur dans un tel dénuement, qu’elles en sont arrivées & ge suicider toutes deux par mistre, en latssant sur jeur lit de mort une lettre de malédiction pour | Phomme & la fois parricide et fratricide, qui allait perdre dans les tripots le pain qu’elies lui deman- daient, : Ge meme Delaunay, coméme Cartief, cb meme Villemessant, est requ a bras ouverts par les ducs M, de Brogiie a serré contre son cur, les égor- geurs quiau2 décembre ont arrété et aux trois Militaire, une sorte de Laubardemont a épau- lettes qui présidait aux exécutions et aux ar- | restations, Il s’était empressé de rendre a son ami le service demandé, or vous ne vous douterez jamais de quelle nature était la gene causée au Marquis de Marguerie par le jeune artiste. Celui- ci avait éte remarqué péecemment par une jeune | etcharmante dame & qui M. le Marquis avait fait cette lande stériie, qui semble avoir été choisic | “vous pourrey | apprenions au fond de nos celiules que les soldats | devenn la proje de ces d¢fenseurs de la proprieté. | de Satory on 4,000 hommes étaient couchés dans | reur cansée par une similitude de nom et pourtant ; Ponse jusqu’au jour ou tout s‘expliqua et s’ex- | Le lieutenant Siane chargé de V’in- | dossier qui lui avait été remis et finit par décou- | faisaient entrevoir sous les couleurs Jes plus sed- “Mon CHER GAILLARD—Puisque tes fonctions | Ment d’excase, sufirait pour les rendre & leur | | tautorisent A faire arréter qui bon te semble, tu | travail, 2 leur famille, & teur patrie. | Serats bien aimable de me débarrasser d’an cer- | presque tous, refusaient d’avord tout compromis |.tain Lambert, sculpteur, dont la présence & Paris | | de la femme ou de la mere, le récit des souffrances | des rues par des propridtaires insold¢s. Alors on Le Colonel Gaillard était alors Chef de 1a Justice | de: H sean an désespoir et aux obscessions de toute | | #0n pied déformé par une balle: | CONDAMNE A LA DEPORTATION. “Mon avocat m’assnrait que j'allais Ctre ac- | quitté mais quand on a su que j’avais recu cette blessure & Buzenval, le Président m’a ait:— | “Ab! vous @tiez de ceux qui ecroyaient que la | garde nationale pouvait sanver Paris, Ca sufit. | “Bt te Conseil m’a condamné a la deportation , dans une enceipte fortifiée.” | Cette fagon nouvelle de rendre Ja justice, s’al- | uit du reste A une ‘elle ignorance des lois & ap- | pliquer, qu’on se demande si ces magistrats de pacotille ont l’entiere responsabilité des insanités judiciaires qu’ils ont inaugurées, La condamna- tion qui m’atteint est notainment un specimen des | plus originanx. J’ai été couvaincu d’outrages par | la voie de 1a presse envers Vassemblée de Ver- | sailles. La loi déclare formeiiement qu’aucun | article de journal attaquant lAssemblée ne peut | etre aéféré aux tribnnaux si préalablement elle | n’a autorisé les poursuitea, Or aucun vote n’a | 6t6 provoqué A ce sujet, Si j’at ontragé 1’Assem- | blée, ce que je ne nic pas, ley membres de mon conseil de guerre ont outrag¢ beaucoup plas ; ravement en passant par dessus ses prerogatives | qui ne leur permettaient pas de me juger sans la | consulter. EN LA PRISON DE ST, MARTIN, Un de mes codétenus de St. Martin de | Ré est entré un jour dans ma cellule extrait de | gon jugement a la mata. “Citoyen Rochesort,” me dit-il, “je viens vous | consulter sur une question tout-A-fait neuve, J'at | été condamné a une peine qu'il est impossible de | faire; lisez.? Etje ims en effet le libellé du juge- | Ment portant que le pauvre homme avait été con- | damné d 1a déportation simple et a cing ans de | survelilance. Or, la déportation ¢tant pe1pétuelle, , ce brave homie était natureliement curienx de | savoir 4 quelle époque commencerait cette surveil- | lance qui ne peui avoir lieu qu’apres la liberation dun condamné, “Tranquiliisez-vous,” me contentai-je de ul ré- | Pondre, “st quelqu’un dans cette affaire a vesoin Wetre survelllé ce n'est pas vous, mais bien ceux qui confectionnent de pareils jugements.” A ces tribunaux exceptionneis sous tous les rap- ports on a cru devoir donner appoint dun autre tribunal non moins sinigtre, qui s*intitule ironi- quement sans doute la Commission des Graces, et que les nombreuses fusillades ordonnées par elle ont fait MomMer plus justement dans la déporta- LA COMMISSION DU COUP DE GRACE. La relation des exploits de cette réunion de crocodiles remplirait des journaux quotidiens, | Liinstitution meme de cette cour aussi martiale que les autres n’a ¢t¢ qu'un pidge tendu a la | miséré des prisonniers, Dans les différentes | prisons dont nous avons essuyé la vermine, les directeurs appelaient un A un les déportés et leur uisantes Wissue d’un recours en grace, Une lettre non pas méme de repentir, mais simple- Tous, ou avec leur dignité, puis arrivaient les soilicitations des enfants jetés nus sans pain sur les trottoirs se disait que la vie de tant d’étres chers valait bien une démarche dont le succes n’était pas douteux. Quelques uns cédaient non pour cux wais pour Jes leurs, et une fois que la commission gidces avait entre les mains ce document espece, elle se taisait une joie de confirmer la sen- tence et @’en réclamer application impitoyable. Nous autres dont le devoir Gtait depuis long. | inemis auraient autavt de peine arevenir que de dificulté & y arriver. Six cent quatre-vingts hommes étaient entassés dans un seul transport sans alr, sans lumitre, avec du lard saié et du biscuit pour toute nourritare pendant un voyage de cing mois. Un de nos amis, Corcelies, ancien administrateur sous ’empire an Jeurnal La Marseillaise, que j’avais fondé, avait contracté sous Ja neige des pontons une phtysie qui ¢taitarrivée en peu de temps A sa derniere période. Nous essaydmes de faire comprendre au médecin du fort Boyard of Corcelles etatt in terné dans ja meme casemate que mo}, que son honueur professionnel tui interdisait de lasser partir dans ces conditions un homme au moins aussi condamneé par le science que par les conseils de guerre. Rien n’y fit. Corceiles maigré nos protestations fut non pas embarqué mais porté & bord de Ja frégate la Guerritre en partance pour la Nouvelle Cai¢donte. Quinze jours apres 1) était mort. UN AUTRE LOGE depuis tro's mois & Vinfirmerie du fort Boyard fut tre de son lit pour étre plongé dans les caves de ce méme transport La Guerriére, mais favoris¢, plus favoris’ devrai-je dire que notre pauvre Corcelles, il mourut dans la prison meme sur Vescalier qu’tl essayait de descendre. J’ai oubli¢ le nom de ces infortuné, mais le fait ne sera pas démenti, car Jai ot chargé par mes co-détenus décrire a la femme de notre camarade pour lui annoncer ce nouveau genre de meurtre spécialement inventé pour son mari. Ces proctdés sanitaires produisent ies effets prévus. Six cent quatre-vingts hommes prives de clarté et qair vital, an fond d’une batterie humide, c’erait un défi a Ja nature. Sur le seul transport /’Orne quatre cent vingt cas de scorbut se declarerent au bout de deux mois de voyage. Cet evénement comme tant d’autres ent cté méme pass? sous silence par les déporteurs si le Commandant de POrme niaivait été oblig¢ par le manque de vivres de relacher 4 Melbourne. La Commission médicale Aurtralienne dut constater ce terrifiant état de choses, et en instruisit les jour naux Anglais, qui jeterent un cri d’alarme. le gouvernement frangais y fit une réponse épique + “Jamas,” déclara le Journal Offciel, Jamais, le transport POrne n’a compté quatre cent vingt Scorbutiques A sou bord. Cette fausse nouvelle ne peut avoir été propagée qpe par la malveillance, lly a en effet sur le transport en question des scorbutiques, mais a aucun moment leur nombre | n’a dépassé trois cent soixante.” Lorsquw’un de ces convols mnebres ¢tait entré Gans le port de Nouméa, le télégraphe annongait invariablement 2% PEurope que la santé a bord était satisfaisante. Quant & ceux qui Gtaicnt restés en chemin, Heurtant de leurs front morts des ecueils inconnus, dit le poste, on se gardait bien d’en faire mention. Le tél¢égraphe ne mentait pas; ily avait d’yutant | moins de maladies & larrivée qu'il y avait eu plus | de DECES PRNDANT LA ROUTE. Ceux qui comme mon collaboratem Olivier Pain sont restés prés de deux aus dans ies fondricres de la presquile Ducos pourront vous donner un apergu de la vie qu’on y méne et de la mort qu’on’ y récolte. Ils diront comment la deporta- tion qu’un Ministre appelait emphatiquement LB VOYAGE EsT sI LONG! me répondtt-il, “le gonvernement sera chang6 avant que notre pétition narrive.” Un fait tout presque fapuleux, auquel on ne crotra pas, comme Yat refasé mol-meme 4’y crotre, bien que jen ouase lu dans une brochure publi¢e et saisie a Nouméa les détails circonstanciels ; un fait que ie gouvernes ment actue! si misérable qu’ll puisse étre ignore, ven suis sar, et qui! réprimerait, je tut fais encore |’honneur de le supposer, montrera ce que devient arme de Varbitraire entre des mains indignes, Le Capitaine de vaisseau, Gan. ‘bier de la Richerte, commandetr de 14 Légion d’Honneur, fait la traite des negres! 11 n’y a pas de mots od des corsaires n’arrivent toutes voiles dehors dans ie port de Nouméa, avec une cargaigon aesclaves enlev¢s aux Fidgia Vile Lifou ou aux Nouvelles Hébrides les Négriers abordent & ces ues organisent soit, a bord, soit sur le rivage une (€te qui attire les naturels, et sous prétexte de leur disiribuer des verroteries d’Curope ils les font descendre dans uD entrepou! grillé et bordé de canons. d’od ils ne descendent que pour étre yendus dans jes Hes de POceante ou aux Philippines. Les Angiais combattent impitoyablement ce genre de trafic et Jout une chasse active 2 ces marchands hommes qu'tis pendent a la plus haute vergue des qu’ils les capturent, Eh! bien, cette piraterie trouve Un agile, Une protection et un placement avantageux de son chargement aupreés du Gouverneur de la Caledonie. Hy aenviron trois mois le Robert Bruce, Capitaine Fowler, portant son bord quarre-vingts huit indigenes de Lifow nia échappé A un vaissean de guerre Anglais qwen se réfugiaut dans les waux francaises dela nouvelle Calédonie. fi est resté piasieurs semaines sans oser sortir de la rade de Nouméa et afin de derouter Wennemi, le Capitaine a fait annoncer dans le journal oMci®l de la colonie Is vente de son navire, La vente était fictive bien entendu ct quejques jours plus tard le Robert Brace completement repeiut & neuf repartait sous un autre nom et avec une autre physiono- mie pour reprendre le cours de ses ex- Ploitations maritimes, Quand anx quatre ‘ vingt hut indigenes ils avarent ¢té écoulés dans la Colonic & des prix relativement modérést. vu les circonstances exceptionnelles qui présidaien, aux marchés. Dureste le trafic est telement public’ que la mise en vente des négres avait 6te publi¢ée en méme temps que celle du navire dans le journaF du gouvernement. Le cynisme de cette annonce m’a paru si étrange que je lai découpée dans lw gazette officielle et envoyée & un député de la gauche. - Afin de masquer ce que ces opérations ont d@ révoltant, les naturels sont considérés comme étant venus de leur plein gré sur le navire cher’ cher des engagements pour vivre. A leur dépar.- quement a Nouméa un interpréte qui n'a jamais interprété que jes imtentions da gouverneur fait sembiant de leur demander s’ils ont: été amenés volontairement en Calédonie, et fait’ semblant Wentendre lear réponse qne naturelle- ment 1] d¢clare toujours étre aMrmative. Mal- heureusement cette comédie a donné lieully® quelque temps a un singulier coup ce theatre. Deux esclavcs ont sans provocation apparente mis le feu a ja matson de leur maitre avrés avoir. préalablement assommé aux trois quarts. L’affaire était criminelle an Vexil dans une Colonie est en réalité l’emprison- enment dans des silos; el comment les meilleurs ouvriers de tous les corps d’etats de Paris faute de relations, d’outils et de resources sont condamnés a loisiveté foreée & perpétuité. Le coup de fortane qui trois mois & peine apres mon dabarquement m’a arraché & cette existence abominable, ne m’a pas permis d’en subir toutes, | les épreuves et d’en épuiser tous les dégoats. Tout ‘ceque je puis afirmer c’est que Vad , ministration qui prétend vouloir faire de | nous des colous ne pent en faire que | des cadavres. Les sommes formidables qui premier chef et pouvait entrainer la peine capt- tale; d’od vient qu’elle ft étouffée presque ause | sitot et les homes simplement punis de huit jours d@emprisonnement pour un délit qu’on qualifia de lapage nocturne, c'est que devant le juge chargé de Vinstruction les deux prisonniers déclarérent quis étaient natifs do Fidji, qu'ils avaient été enlevés de vive force deux mois auparavant sur lechamp méme qu'iils cultivaient et vendos en Culédonie. Afin d’obtenir des renseignments circonstanctés sur cette abominable trafic nous avons imaginé, Olivier Pain et moi, de Jeindre Vinteution dache- vainement la cour et Yamoureux trans! n’avait | temps tracé et qui avions refusé avec dédain toute palissait tout-d-coup et passait précipitamment et | trouvé pour se débarrasser dun rival encombrant que de le faire transporter en Calédonie si faire Be pouvait, Nous devons le dire et nous sommes henreux do | le reconnaitre le lteutenant Siane, nous nommons | les personages de ce drame afin qu’on ne nous ac- | cuse pas de faire du roman, le iteutenant Siane | Tut saisi d’mndignation a la lecture de cette lettre | et pour que la honte et la responsabilité retombas- | Sertsur qui de droit, il dicta an jeune sculpteur ; des réponses ou le nom du mis¢rable Marguerie se | trouvait constamment mit¢. Qnand le rapport qui | Concluait & Ja mise en iberté du prévenu parvint au colonel Gaillard, cet ami dévoué prit immédiate | Ment le parti de l’anéantir, ordonnant au lieuten- | ant Siane d’en rédiger un autre ou le nom de M. de Marguerie ne serait pas mentionné. Refus énergique du lieutenant qut fut alors cassé et ‘ remplacé per le capitaine Hérijé comme rappor- teur de Paffaire. Bien que le chef dela justice militaire eat pris la précaution de supprimer la lettre de son ami, ce nouveau choix ne fut pas plus heureux pour les deux complices. Le Capitaine Hérijé avec une loyauté qui l’honore déclara qu’ll ne se preterait jamais & la perpétration de cette infamie et sigua une ordonnance de non lieu & la suite de laquelle | | rélation qneleongue avec ces aides du hourreau, nons aurions voulu que l’abstention lut générale et | Ue Ja position de membre de ta Commission des graces evint fante de suppliants la plus humili- ante des sinécures. Mais en présence de tant d@unnocents, foudroyés par le majheur, de tant de familes réduites & la mendicité, qui de nous eut osé | prendre la responsabilité de déconseiller une fai- | biesse qui pour celui qui ia commettait pouvait i etre le salut? LE PERE SENECHAL. Nous conndissons un condamné a la deportation, son nom est Sénéchal, pere de huit enfants, que son emprisonnement latssait sans resources puis qu’un seul sur les bunt était A peine en Age de se | sufilre et que la nére était morte de fatigue a la | suite de Parrestation de son mari. | @une telle détresse nous n’hésitames pas a aller Je trouver pour lui demander s'il se croyait { bien le droit de se retuser A formuler un recours qui sauverait neuf personnes Ala fois. I avait joué pendant les évenements un role tout a fait effacé. fl était condamné pour simple porte @armes et d’uniforme. Quelque opinion que Yeusse de la férocité des réactionnaires je ne pouvais supposer qu’une situation aussi désolante n’amollit pas pour un jour ces cours parcheminés, En présence | |.M. Lambert fut rendu Acelle qu’! aimatt et qui | Sénéchal hésitatt. Nous iui ofrtmes de lui dicter | m’avalt cessé de venir le visiter pendant tout le | 9 demande of la sombre pénurie de ses huit temps de sa captivits & Satory. Je laisse aux | entints tut exposée dans toute son horreur. Le lecteur le soin d’apprécier side tels hommes ont | Pauvre pere de famillen’attendit pas longtemps anjourd’nul le droit de reprocher 1a Commune | J4 reponse. Un mots aprés, Yordre arrivait de | tes arrestations arbttraires dont clie s'est mal- | Vembarquer sur te transport Orne qu 'emmena | heurensement rendue coupable dans un moment | et Calédonte of Il est actuellement & motus que ou les dangers de la lutte Im rendaient suspects | le scorbut ne lait enlevé en route. Quant aux ; tous ceux gui refusatent de la service. | enfante deux m)’ a-t-on écrit depuis sont morts et REVELATIONS. | ily a tout & parier que les autres ne tarderont pas Jai sur des sujets analogues les mains pleinesde | % dénéficier de cette grace, la seule quills | 1 qui nous gouvernent. Ii est vral qu’au 24 Mal, | quarts étrangié son pore, Ce qui est une autre vari | rév¢lations. Je m’abstiens de peur de révolter la i pudeur da lecteur, 11 lut suMra pour etre edifie, | de savoir qu’au dépot dit des Chantiers & Ver- | sailles, les prisonnitres de la Commune au teiu | d@étre gardées par des femmes, comme l’exige a la | fois la lo et les convenances etaient obliges de dormir et de les regards Impudents de leurs chefs se iatsaient un plaisir tout permettre, Ces malheurenses dont les sept- huitigmes n'avaient commis d’autre crime que de | pavoir pas dénoncé la retraite de leurs fréres, de leurs péres ou de leurs maris, étatent, pour le moindre manquement A une discipline de pure fantaisie, d¢pouilleés de leurs vétements et jetées ainsi devant les surveillants et les prisonniers sous la pompe giacce de la grande cour du dépot. par centaines sous les prétextes ou les accusations les plus futtles étaient entassés sans couvertures sans lite et presque sans nourriture dans des docks infectés et pestilentiels. Un heutenant de dragons nommé Marserault, chargé de la direc- tions de ces enfers, s’ingeniait A inventer tous ies jours de nouveaux supplices & l’usage de ses pen- slonnatires. 1) faisait par les temps Ies plus troids attacher en plein air, les hommes nus auxquels il Iaissait passer la nuit sous Ia neige et le givre, et fi descendait souvent tui- méme leur distribuer des coups de canne au hazard de sa férocité ou de sa démence, atrooités furent poussées si loins que des crées stéleverent. Une enqnéte fut commencée, deux députés de la gauche se rendirent aux chantiers pour interroger les victimes de cet ¢pouvantabie drole. Celut-ci ne perdit rien de son cynisme. fl fit tourner & son profit la terreur qu'il répandait parmi les prisonniers et & force de menaces tl parvint & en apporter deux ou trois qui declarerent publiquement qu'il n'y avait aucune plainte sérieuse & porter coutre le lieutenant Marse- Fault. Inutile @ajouter que cette campagne lui a, valu le grade de capitaine. LA RANCUNE DU MILITAIRISME, Crest dans les arréts des consells ¢ guerre quapparait dans tout son éclat la rajcgune du mill- tarisme qui avait mis bas les arines qevant jinva- sion, contre le civisme qut Voulait la combattre & outrance, Une action 4 e¢laspendant le premier siege, une citation 2 zondre du jour loin de plaider en faveur d'un aZeqaé était pour tui une nouvelle, chance de Getdgrination. La déportation compte un pembre extraordinaire ae chevallers de ia 1é- (On d*nonneur décorés pour leur attitude devant France les ont jétés dans les fossés pour courir plus vite dés qu’lis ont aperqu les Prussiéns, sem- biarent considérer comme une insulte personnelle tout témoignage de bravoure. [ly a actuellement été dwparricide, Q la preseu’ile Ducos un déporté nommé Leridan \ s’habiller sous | fort connue pour dépouilier a la ville les roics d’in- Des enfants de dix, ouze ou douze ans, arrétés | Ces Vennemi, Les oficters bonapartistes qui apresavoir | trainé viugt ans leurs sabres sur tous les pavés de | puissent espérer maintenant. Je dois la déclarer stoute fois Wimplacabie | Commission, s’est laissé attendrir dans une cir- constance qui n’est peut etre pas ubique, mais qui merite d’étre consignée, UNE JEUNE ACTRICE DE PARIS | Soldats a qui | génue qwelle joue au théatre m’écrivit a la cita- | de | delle de St. Martin de Ré pour me consulter sur le | | moyen de faire lib¢rer son frere condamné 2 la dé- | | | portation simple. Cette aimable artiste avait joyé | dans mes pieces & Pépoque ou je préludais par des comédies aux drames de ma vie politique. Je | tui répondis que ces Messieurs de la Commission des | | graces étaient inaccessibles aux pritres acs méres | de famille qui venaient réclamer leurs maris ou | leurs enfants mais que je ne doutats pas qu'une | visite personeile de sa part a l’un de ces hommes inflexibles n’amenat des résultats tout dittérents, | Trois jours aprés ce conseil que je n’avais pas | osé me dispenser .de donner, la jolie comédienne , m'éerivalt @une,ccriture émue; Mille remerci- ments j’a1 vu le Président de la Commission et jal obtenu pour mon frére non pas une réduction de peine mais une grace pleine et entiere. Le jour méme en effet, notre co-détenu mis en liberté partait pour Paris tandis que notre ami Sénéchal qui était pere de huit enfants, mais qui n’avait pas de sur ou théatre cingiait vers Vile des Pins, Ainst ce que des families aux abois avatent en vain sollictté avec toutes leurs larmes, clest une coureuse de restaurant qui a obtenu dés son premier sourire, VoilA ce que sous l’ordre | moral on appelle la moralité, . Quand ces hommes d’ordre eurent confirmé assez de sentences pour que les ddparts pussent | Seffectuer on se hata dtarmer des navires et | @y empiler antant de déportés que les batteries basses ponvaient en contenir. Pendant un , an la marine francaise fat uniquement oc- capée & promener des condamnés et si une yhonvelle guerre ¢tait venue A ¢clater une | descente aur nos cOtes eut éte facile de la part de Vétranger, tous nos valsseaux ayant ét¢ accaparés | Rour transporter des francais. Bien qu '!l se soit uvé des marins pour solliciter une mission que | Jean Bart et Duqnesne eussent certainement re- fusée, nous devons reconnaitre qu un grand nombre domctera de mer ont essayé d’atiénuer par 14+ facon dout ils !accompussatent ce que leus aeVoir | médicale absolment dérisoire on a embarqué des malades, des fous et jusqu’® des mourants. Na- poleon If. avatl considéré Cayenne comme une | contrée assez lointaine pour qu’ll put y envoyer en toute socurité ies victimes de ses niefaite; | Yassembiée versaitiaise ne se crut bors de péril ont eté dépenseés en frais de surveillance én installations de fonctionnairés en emoluments de gardiens de tout ordre, auraient sauvé la | | Vie au deux tiers des déportés, si elles | avaient ete employées en achat d’instru. | ment de travail on d'objets de culture. | On les parque, comme des pestiférés dans | Un lazaret, les uns & Vile des Pins, les autres ala presqui’lie Ducos, en leur interdisant & pen prés tont rapport avec les habitants de la grande | verre, et on leur dit:— Nous yous avons envoyés ici pourquoi ne coloniser vous pas? C’est a peu pres comme si l’Angleterre preten- | dais avoir envoyé Napoleon a st. Helene pour colo- niser. N soffit d’ailieurs d’une etude superficielle de cette terre de Calédonie dont on a publie Jes tab- leaux les plus fantastiquement séduisants pour | aequérir la certitude qu’elle ne sera jamais qu’une | grands prison. Le gouverneur Gauthier de la Richerle nommé autrefols a la direction du bagne de Cayenne n’est qu'un garde chiourme un peu pius galonné et un peu moins scrupuleux que les autres, | Ohargé aprés le deux Décembre des exécutions des basses @uvres impériales, i? mit sa gloire, | Q aiguiser les tortures des honorables citoyens transportés par le coup d’Etat. Les crimes de ce tortionnaire sont restés célébres dans les | annalles de la Démocratie. Notre ami Rane, le \ pour coloniser, | articles de la République Frangaise. A mon entrée au gouvernement de la Déiense Nationale je rédigeai un decret portant révocation de ce supplicieur. Malheureusement ,’invertissement de la capitale et les six mille cing cents hieues qui nous s¢paraient de lui le protegérent. La réac- tion triompha de nuoveau, et ceux qui avatent égorgé les Républicains dans Paris n’hésitérent pas a maintenir dans ses fonctions, l'homme qui les avait massacrés 4 Cayenue. LY GOUVERNEUR DB LA NOUVELLE CALEDONIE. Sons un tel gguverneur, dont les marins francais ne parient qu’avec horreur et mépris, la Nouvelle Calédonie ne pouvalt devenir que ce qu'elle est, un refuge pour les aventuriers et les hommes tarés, que des protections ont dérobés &la justice des tribunaux de la métropole. Tons les ans, vien- pent s’échouer sur les récifs Calédoniens, des fonc- tionnaires qu’un scandale trop public a chass¢s de | leurs places, des officiers de terre et de mer, ren- voyés de leur corps a la suite de queiqu’ éclat fa- cheux. Toutes les péches A quinze sous, de I’ad- | ministration eb de Varmée, vont enfouir la-bas leurs déboires. Vous devinez les exemples que ces naufragés de Vhonneur, donnent aux noufragés de insurrection. Ds ont Aint par former entre euc des sociétés véreuses pour I’exploitation de mines imaginaires qui rappellent les operations des Robert Macatres de l’Empire. Les Mines d’ or tant pronées sont une plaisanterie. Les mines | de cuivre sont plus sérieuses car elles prennent in- sensiblement le caractére d’ une escroquerie. Des compagnies ont ¢té fondées des actions out été émises. Or il est établi que les enormes obstacles | apportés au transport du minerai par 1a nature du sol, "absence de routes et la longueur du chemin, dévoreraient en frais d'expédition, 61x fois le pro- duit des maigres fiions récmment découverts, Mais lances par le Gouverneur qui a en part | dans es tout, ces affaires qui on pris un developpe- ment si rapide que des parts valant cing cents francs fl y aun an A peine, sont anjourd ‘hut cotdes Vingt cing mille, en attendant que 1a police, tor. rectionnelle démontre qu’elles n’ont rien Yalu. Bn fait, & heure actuelle, ti ne se consstame pas encalédonie un kilo de viande, il me aa‘mange pas | un morceau de pain, {I ne slachete pha fin yetement | sans qai ne vienne Australie. L'induatrie y est nuile, Ja production illusotre, Jignore ce que l'avenir | réserve A cette ierre Voloanique. Je sais seule- ment que jusqwa ce fonr le gouvernement n'a pu qu’en faire UD ZOUZ¢re od vont s’engioutir plus de { quinze millions gar an, Liincom@Mgngurabie distance que sépare la Caiédonie Ye la France jait du gouverneur dont | je parlg non pas seulement wn proconsul ou un ‘vigeTol mais un autocrat decretant sans discus. sion et sans controle, Les habitants de Nouméa comportait de rigoureux. Malhet Jement Tes | que ses abuse de pouvoir exasptrent ne ces- ordres d’en haut laissaient ‘bien peu de | sent de lui demander un conseil colontal marge 4 leur bienveillance. Apres une visite | chargé de veérifier les comptes. L’honnéte Gauthier ac la Richerie qut ne tient en quoique ce solt A cette verification, les conduit impltoya- biement, Un négociant de ile était venu un jour nous rendre clandestinement visite a la presqu’tte Ducos, fl se plaignait amerement du décourage- ment que les procédés césariens du geuverneur quwaprés avoir choist & 6,000 lieues de ses portes une ile perdue dans les récifa de ocean d’ou jetaientla colonie. Je ni dis:—“Pourquoi n’adres- | sez-vous pas vor réclamations en France 2” depute de Lyon en a écrémé la ‘ste dans ses | ter un négre pour nous servir; le prix moyen d’un esciave varie de deux cents 2 deux cents * cinguante frances. Il est stipulé dans le traité, afln de masquer le traité, que cetve vente est un simple engagement de deux ans aprés lesquels le notr est rendu au vendeur gut se charge de ie repatrier. Personne ne peut s’ilusionner sur Ja valeur de cette clause :—lo., Le natif ne vouche pas le prix de son prétenda | engagement; 20, quand les deux aus de ‘service sont finis, -c’est & son propriae taire qu'il est rendu, vous devines ce qui se passe alors. Le Corsaire rentre en pos- session de la marchandise et va la négocier de nouveau sur une cote voisine de sorte que le mal- heureux esclave ne change pas de condition mais simplement de maitre, ce qui rend le genre de traité encore plus cruei et plus odieux que l’autre, Nous avons présenté cette observation gue le marché étant passé avec un tiers, le noir n’était tenu & aucun ‘devoir, et qu’ll pourrait nous quitter dun jour & autre. [1 nous a répondu quill était & nous, que le gouvernement de la Calédonie nous en garantissait la propriété, que nous avions sur lui le droit de bas tonnade et meme de vie et de mort, que chez tous les colons, ches M. Numa Joubert notamment, un des planteurs les pius importants ae la colonie, y avait au milieu de ja cour un arbre servant de poteau of l’on fustigeait les noirs coupabies d’infraction au réglement de la maison et qu’enfin la convention relative aux deux ans | était presque toujours illusoire, atvendu qne ie négrier était souvent pendu par les Anglais avant | @avoir pu venir réclamer leurs prises, } LES REQUINS ET LES KANACKS. Respirer |’infection de ce milieu déshonoré nous | devint bientot insupportable. Le Ministre de Is Marine, M. de Dampierre d’Hornoy, avec les hautes connaissances géograpniques qui ont distingué nos oficiers dans Ja derntére guerre, avait déclaré que la garde des déportés était assurée, les requins 6@ chargeatent Wemptcher toute fulte du cdts de Vocéan, et les Kanacks y mettant ordre do c0té de Ja terre. Cette idée ingénieuse de nous avoir pla« cés ainsi entre les mAchoires des hommes et celles des poissons avait meme provoqué chez ia droite Ia, plus joyease approbation. Nous étions heurense- ment fixés sur !’intelligence des signataires de la paix de Bordeaux, et, puisqu’tis considératent I"6- vaston comme impossible, nous en couciimes im- médiatement qu’elle était praticable., A partir de ce moment la pensée de revoir ))Eu- rope nous hanta nultet jour. Olivier Pain, Pas- chal Grousset et moi habitions sur une colline une paillotte isolée of nous edmes le loisir de nous con- certer & notre aise. Notre plan fut dailer par mer, & la nage s’ll le fallait, jusqu’a quelque batcau dont je capitaine consentiralt A nous prendre. Nous avions entendu raconter que les requins, nombreux dans la rade, se rassemblaient ordinaire- ment aux environs de Vabattoir, situé non loin de la presqu’ile, et que nourris abondamment des dé- tritus de Ia boucherte, it lear arrivait assez rares ment Wattaquer Lnomme. Olivier Pain, qui igno- rait les pretaters principes de la natation, se mit énergiquement & Peuvre, et un mois apres mon arrivée, iL Gtait devenu un des meiilears nageurs de la presquiile. Nous nous familiaristmes alors aveqle danger, en essayant tous les jours en mer des promenades de ceux et trois heures, Je ne pourrals insister sur certains détails, sans compromettre queiques braves gens qui nous ont préé leur concours; le lait est, que grace & eux, trois déportés, simples résidant & Nouméa méme, Achilie Batlt@?re Jourde et Bastien Granthille pne rent s’aboucher avec le capitaine angiais Law, du trois mats barque P, 0, E, Cet excellent homme, se rendre exactement compte de Vimportance des prisonniera qu'il aurait & son bord, econsentit & nous enlever, et s’engages A nous conduire en Australie. Mais la presqu’ile tait gardée bien trop étroitement poargu’ll lat fut permis d’en approcher, et tout ce gu’ll 088 Dro» mettre fut de nous recevoir, si nous avions quelque moyen d'aborder & son navire qui était aa fond de la rade de Nouméa, c'est & dire & plus de srois Heues de notre enceinte fortifice. LE VOYAGE A NEWCASTLE, Le voyage au bateau anglais fut Vepisode ta plus Gramatique de notre évasion, ct nous Aurions certainement succombé & la fatigue et nos amie de Nouméa ne nous avaient épargné le plus longue partie du chemin en venant au devant de nous par une nuit noire dans une baleiniere qui nous recueillit nus et tont déchirés par les lames de rocer's coupant comme'des rasoirs, Lintrépide capitaine Law sot seulement en CONTINUED ON TWELFTH PAGR.